Burnout des Atypiques : comment faire la différence ?

Burnout des atypiques : comment faire la différence ?

Pourquoi les personnes au profil atypique (TSA, HPI, Dys, hypersensibles…) en burnout ont plus de mal à en sortir que les autres ? 
La réponse est simple : les causes profondes et les manifestations de leur burnout sont très spécifiques ; les solutions à apporter sont également spécifiques. Les ignorer, c'est prendre le risque de passer à côté des solutions les plus adaptées, les plus concrètes, pour aider ces personnes à sortir du burnout le mieux possible.

Le burnout atypique, on n'en parle pas assez

Le burnout des personnes atypiques, on en parle peu. C'est pourtant le motif de consultation le plus souvent évoqué, après la phobie scolaire, parmi ma clientèle.
"Je suis en burnout. Malgré tout ce qu'on me donne, je suis toujours épuisée. Rien ne fonctionne, c'est pour ça que je viens vous voir". J'entends très (trop ?) souvent cette phrase. J'ai décidé de vous en parler, car, finalement, pourquoi viennent-ils me voir, moi, après avoir fait tout ce qui leur a été préconisé ?

Nous allons voir ça tout de suite. 

Dans le meilleur des cas, les atypiques sont en arrêt de travail de longue durée pour leur donner le temps de se relever. on leur a dit qu'une période de quelques semaines, voire quelques mois, de mise en veille suffirait à repartir du bon pied.
Erreur ! Elles essaient de faire tout ce qu'on leur demande : repos, se faire plaisir, bien manger, bien dormir… elles sont pourtant dans le même état. Parfois, elles retournent au travail parce que l'arrêt est déjà long et qu'elles culpabilisent. Mais le burnout est toujours là et elles replongent. 
L'épuisement est toujours là, la sensation d'effondrement intérieur ne disparaît pas.

Vous êtes atypique ? Votre burnout aussi

C'est sans doute parce que votre façon d'être au monde n'est pas "classique", que vous ne fonctionnez pas comme la majorité : vous êtes un atypique. (cf. définition ci-dessous).

De toute évidence, un burnout atypique ne se manifeste pas de la même manière et, par déduction,  ne se traite pas de ma même manière.
Je vais vous expliquer en quoi le burnout atypique est différent du burnout classique. 

Burnout classique : épuisement dû à la surcharge de travail

Le burnout, tel qu'il est généralement défini, est une réponse à un stress chronique et à une surcharge de travail et/ou de responsabilités. Il touche souvent des personnes soumises à des attentes élevées, à un manque de reconnaissance ou à un déséqulibre entre l'effort et la récupération.

 

Il se manifeste par :

  • une fatigue intense qui ne disparaît pas avec le repos
  • une baisse de motivation
  • un sentiment d'échec
  • une difficulté à gérer ses métions (irritabilité, détachement)
  • des troubles du sommeil et des douleurs physiques

Burnout atypique : effondrement dû à la suradaptation

Qu'est-ce qu'une personne atypique ?

Avant de parler de leur burnout, définissons rapidement ce qu'est une personne dite "atypique" (pour l'instant, je n'ai pas trouvé d'autre qualificatif pour la décrire, bien que ce terme ne me convienne pas vraiment).

 

Un atypique présente des particularités qui l'empêchent de fonctionner de façon optimale. Ces personnes éprouvent des difficultés particulières dans un cadre normé.

 

Elles peuvent présenter une ou plusieurs de ces singularités de fonctionnement :

  • HPI (haut potentiel intellectuel
  • TDAH (trouble de l'attention avec ou sans hyperactivité)
  • TSA (trouble du spectre de l'autisme)
  • DYS- (troubles dysfonctionnels de la lecture, l'écriture, le calcul, la praxie…)

Ce sont des personnes avec de grandes capacités, mais trop écartées de la norme pour pouvoir exprimer leur plein potentiel dans un cadre qui n'est pas fait pour elles.
C'est, la plupart du temps, chez les enfants et les adolescents que ces différences sont détectées, mais, non décelées, elles se perpétuent à bas bruit à l'âge adulte, jusqu'à ce que les compensations mises en place pour "tenir le coup" ne tiennent plus. C'est l'effondrement total.

 

À chaque étape de leur vie (au collège, au lycée ou à l'abord de la trentaine, voire de la quarantaine, parfois encore plus tard) elles vont se confronter, souvent de façon inattendue, à un épuisement total, un burnout.

Elles auront besoin d'aide pour en sortir, mais pas de la même manière que la plupart : le burnout atypique a des spécificités dans ses manifestations, mais aussi dans on traitement.

 

Qu'est-ce que le burnout atypique ?

Pour les personnes neuroatypiques, l'épuisement ne vient pas seulement du travail ou du stress, mais surtout de l'effort permanent (et excessif) produit pour s'adapter à un monde conçu pour les neurotypiques.

 

Cet effort invisible passe par :

  • Le masquage  (camouflage de sa vraie nature pour être accepté par les autres)
  • le contrôle constant de l'attention et des émotions
  • l'hypervigilance sociale et sensorielle
  • la pression à "être et faire comme tout le monde"
  • la fatigabilité (dont ils n'ont pas conscience ou qu'ils nient pour ne pas avoir l'air de se plaindre)

 

Les signes spécifiques du burnout atypique

Lorsque les efforts pour s'adapter deviennent trop lourds et difficiles, le corps et le mental lâchent la bride.


Ce burnout atypique se manifeste ainsi :

  • Fatigue extrême, invalidante, malgré le repos. Elle est due aux efforts permanents d'adaptation et de compensation
  • Hypersensibilité sensorielle accrue
  • Perte de compétences, même les plus basiques (dificulté à exécuter les tâches du suotidien, difficulté à parler et à gérer les interactions sociales)
  • Augmentation de l'anxiété ou du figement
  • Besoin accru et vital de solitude
  • Perte d'intérêt pour les activités habituellement plaisantes
  • Désorganisation mentale, avec une sensation d'effondrement intérieur

Pourquoi est-il si mal compris ?

À la différence du burnout classique, le burnout atypique découle d'une fort pression de s'adapter à un monde inadapté.
La personne est entrée en stress chronique parce qu'elle masque, en toute circonstance, ses difficultés. Elle les compense tant bien que mal jusqu'à ce que le corps et le mental n'en puissent plus.

malheureusement, ce type de burnout est souvent confondu avec une dépression ou une perte de motivation.
Les solutions à adopter sont bien différentes de celles du burnout classique.

 

Un neuroatypique n'a pas besoin "d'apprendre à gérer son stress" ou "de faire des efforts pour se réengager", mais de réduire la pression de l'environnement et d'adapter son mode de vie à ses besoins spécifiques.

Pourquoi est-ce crucial de ne pas confondre ?

Un burnout atypique est souvent (mal) déterminé comme étant une dépression ou un simple burnout professionnel. Or, les solutions à apporter sont radicalement opposées.

  • Dans un burnout classique, il est souvent suffisant de s'accorder un temps de pause, d'apprendre à réduire  son stress et de réajuster ses conditions de travail.
  • Dans un burnout atypique, le repos ne suffit pas : il faut cesser tout effort d'adaptation forcée et retrouver un environnement qui respecte ses besoins.

Ce qu'il ne faut surtout pas faire

Les solutions classiques (repos, réduction de la charge de travail, réengagement progressif) ne fonctionnent pas pour une personne neuroatypique en burnout.

 

Ce qu'il faut à tout prix éviter :

  • Pousser la personne à "faire des efforts" pour se réintégrer aux groupes (travail, famille, loisirs)
  • Lui proposer des statégies de gestion de stress standard (qui ne tiennent pas compte de leurs besoins spécifiques)
  • Minimiser son état en pensant qu'il s'agit simplement d'un manque de motivation

Comment éviter l'effondrement total ?

Ce dont une personne atypique a surtout besoin, c'est de  :

 

  • Cesser immédiatement les efforts de surdaptation (après en avoir pris conscience)
  • Comprendre les déclencheurs de son épuisement
  • Comprendre et expliquer l'état de figement dans lequel il se trouve
  • Adapter son environnement à ses besoins réels, et non l'inverse. Essayer de "tenir le coup" leur est impossible.
  • Un accompagnement professionnel adapté à son fonctionnement particulier

Ma méthode

C'est pourquoi ma méthode ne vise jamais à forcer une personne atypique à rentrer dans le moule, mais à l'aider à mieux se connaître, à identifier ses déclencheurs et à ajuster son mode de vie pour tenir l'effondrement à distance.

Écrire commentaire

Commentaires: 0